
La Commission européenne a présenté, lundi, une feuille de route pour créer un nouveau marché européen de "crédits nature", des outils de financement destinés à inciter les agriculteurs, l'industrie, les banques et les pouvoirs publics à se lancer dans des projets de biodiversité.
Le dispositif s'inspire du marché des ‘’crédits carbone’’, où des entreprises réduisant les émissions de CO2 vendent des crédits à d’autres entreprises polluantes ou désireuses de soutenir la lutte contre le changement climatique.
Un ''crédit nature'' permettrait ainsi à des entreprises ou à des États d'acheter des crédits émis par des agriculteurs, des sylviculteurs ou d'autres gestionnaires de terres qui protègent la nature, par exemple en plantant des arbres, en restaurant des zones humides ou en passant à des formes d'agriculture régénératrice.
Les crédits seront certifiés par un organe indépendant, et les revenus reviendraient aux gestionnaires des terres, récompensant ainsi leur travail en faveur de la nature et permettant un réinvestissement.
L’objectif de cette initiative est de “travailler main dans la main avec la nature et en faire une opportunité pour une économie résiliente et compétitive", a souligné la Commissaire européenne à l'environnement, Jessika Roswall, lors de la présentation de ce plan.
Le projet avait été annoncé l'an dernier par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à la suite d'un "dialogue stratégique" sur l'avenir de l'agriculture en Europe, après des mois marqués par les manifestations d'agriculteurs et de fortes tensions politiques entre nature et compétitivité.
La feuille de route, qui couvre la période 2025-2027, vise à élaborer des normes et une certification, tout en évitant une surcharge administrative et l'écoblanchiment ("greenwashing").
Des projets pilotes sont déjà en cours en France, en Estonie et au Pérou, avec des partenaires tels que l'Alliance pour les Crédits de Biodiversité ou le Forum économique mondial.
Selon Bruxelles, la demande mondiale de crédits biodiversité est évaluée à 180 milliards de dollars, tandis que le déficit de financement de la biodiversité en Europe est estimé à 37 milliards d'euros par an.