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Quand Steve Jobs anticipait l’arrivée de l’intelligence artificielle… il y a 40 ans !

Sciences
vendredi 27 juin 2025
12:14
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Quand Steve Jobs anticipait l’arrivée de l’intelligence artificielle… il y a 40 ans !
Medi1news
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Il y a quarante ans, alors qu’il venait d’être écarté d’Apple et n’avait qu’une trentaine d’années, Steve Jobs prononçait un discours à l’Université de Lund, en Suède. S’adressant à un auditoire composé d’étudiants, il livrait une pensée qui résonne aujourd’hui avec une étonnante lucidité. Il y exprimait son profond respect pour Aristote, le philosophe grec qui fut également le mentor d’Alexandre le Grand. 

« Savez-vous qui a accompagné Alexandre le Grand durant près de quatorze ans en tant que précepteur ? C’était Aristote », raconte Steve Jobs. « En découvrant cela, j’ai ressenti une forme d’envie profonde — j’aurais adoré vivre une telle expérience. »

Il explique toutefois qu’un privilège demeure possible : « Grâce à l’imprimerie, j’ai la chance de pouvoir lire directement les écrits d’Aristote, sans filtre. Bien sûr, un enseignant peut m’apporter un éclairage, mais l’accès au texte original reste possible. Et c’est là, selon moi, l’un des fondements de notre civilisation occidentale. »

Mais Steve Jobs ne s’arrête pas à cette réflexion sur le passé. Il projette déjà l’avenir, avec une intuition qui frôle la science-fiction :

« Le seul problème, dit-il, c’est que je ne peux pas poser de question à Aristote. Enfin, je peux, mais il ne me répondra pas. Ce que j’espère, c’est qu’un jour, au cours de notre vie, nous serons capables de créer un outil interactif. Un outil capable de capturer la pensée d’un nouvel Aristote lorsqu’il apparaîtra, et de l’enregistrer dans un ordinateur. Ainsi, un étudiant pourrait non seulement lire ses écrits, mais aussi lui poser des questions — et recevoir des réponses. Voilà ce que j’aimerais que nous parvenions à accomplir. »

Quand Steve Jobs esquissait déjà l’avènement de l’intelligence artificielle générative

Sa vision vous semble familière ? Ce n’est pas un hasard. Ce que Steve Jobs décrivait ressemble de très près à ce que nous appelons aujourd’hui l’IA générative, à l’image de ChatGPT. Développée par OpenAI, cette technologie permet désormais à chacun d’interroger l’ensemble des connaissances humaines, d’obtenir des réponses sur une multitude de sujets, et même d’échanger avec des figures historiques à travers leurs écrits.

Bien avant l’heure, Steve Jobs pressentait une révolution : celle d’un rapport entièrement nouveau entre l’humain et la machine, dans lequel l’ordinateur deviendrait une extension naturelle de l’intelligence humaine.

Cette capacité à anticiper l’avenir a souvent été soulignée par ceux qui ont côtoyé Steve Jobs de près. Dans plusieurs entretiens, Jony Ive — le célèbre designer d’Apple, aujourd’hui chez OpenAI — a notamment mis en avant la justesse avec laquelle Jobs percevait les bouleversements qu’allait entraîner la démocratisation de l’informatique.

Aux côtés d'autres observateurs, Jony Ive a souvent souligné que Steve Jobs abordait la technologie avec une perspective avant tout philosophique. Pour lui, l’enjeu ne résidait pas uniquement dans le « comment » concevoir ces outils, mais surtout dans le « pourquoi » les créer : quel sens, quel impact pour l’humanité ? Jobs entrevoyait déjà l’ordinateur comme un vecteur d’intelligence collective, un moyen de démocratiser l’accès au savoir et de stimuler l’innovation à l’échelle individuelle comme collective. 

Il est fort probable que Steve Jobs aurait perçu plus finement le tournant de l’intelligence artificielle que Tim Cook ne l’a fait. Mais cela ne signifie pas qu’il l’aurait devancé en termes de délais par rapport à des acteurs comme OpenAI ou Google. La différence se serait surtout jouée sur le plan de la vision et de la philosophie, bien plus que sur celui du calendrier.